Mes chéries, vous m’avez manquées, pendant les deux minutes où j’ai pensé. A vous.
Comme je vous le disais tantôt, j’ai passé une copieuse semaine à Marrakech avec maman, pour fêter ses soixante ans à l’ombre des moucharabieh et des pectoraux de son toy boy d’anniversaire (“Un toilleboille, qu’est-ce que c’est encore que cette connerie ? ‘tain, t’as pas pu t’empêcher d’acheter la moitié du souk !” ronchonne en duplex mon père, ce joyeux drille).
C’était super, je te remercie, je t’ai rapporté des souvenirs.
Mais venons-en à l’intitulé de ce post : qu’est-ce qui distingue un touriste d’un autochtone ? (Ces réflexions – un bien grand mot pour désigner les expectorations de mon esprit surchauffé, mais admettons – valent aussi bien à Marrakech qu’à Dijon, Sidney ou Rio : comme le McDo, le touriste a le même goût partout dans le monde.)
– Le touriste transpire, car le touriste a chaud. Peu importe qu’il fasse 42° à l’ombre comme au Maroc, ou 13° en plein cagnard à Dunkerque, le touriste a toujours l’air d’être en pleine ménopause.
– Le touriste a les godasses les plus tragiques de la Médina (du port/de la station/du marché). Alors que j’aimerais mieux mourir écartelée que porter des sandales à scratch, devinez qui s’est baladée pendant une semaine avec ça aux pieds ?
(Ne le répétez pas à mon Monsieur, qui s’imagine que je me suis baladée dans l’Atlas sur talons de douze, comme d’habitude)
– Le touriste a des marques de bronzage bizarres. L’autochtone le soupçonne d’avoir bronzé derrière une grille d’aération.
– Le touriste voyage avec 40 kilos de crèmes solaires, comme si on n’en vendait pas en Corse, et attrape un coup de soleil le premier jour. Même à Coppenhague. Même sans être sorti de sa chambre d’hôtel.
– Dès qu’on lui dit bonjour dans la rue, le touriste s’agrippe à son sac avec la mine de qui n’a pas fait caca depuis 48 heures. NB : la bonne réponse est : “Bonjour”.
– Quand on lui dit que c’est le dernier plat à tajine du souk (ou le dernier bol breton des Côtes d’Armor), le touriste hausse une épaule, pas dupe, et retourne à la boutique cinq minutes après, le porte-monnaie entre les dents.
– Le touriste négocie, même ses cacahuètes gratuites à la Mamounia.
– Le touriste ne se fait jamais avoir, lui.
– Le touriste se balade le nez en l’air, tout doucement, comme si un nuage risquait de lui tomber sur la gueule.
– Le touriste préfère errer quatre heures dans dix mètres carrés plutôt que de demander son chemin, et passer pour un touriste.
– Le touriste apprend son guide de voyage par coeur, pour éviter de le sortir dans la cour du palais Bahia, et passer ainsi pour un touriste.
– Le touriste ne se rend pas compte qu’il n’y a que les touristes qui visitent le palais Bahia.
– En rentrant chez lui, le touriste a l’impression qu’il a compris le pays dans lequel il vient de passer une semaine, mieux : il a compris LA VIE.
– D’ailleurs, le touriste dit au chauffeur de taxi bourru qui les ramène, lui et ses souvenirs inutiles achetés trop cher : “Nan mais au Maroc, chais pas, c’est différent, quoi”, avec le même air que Christophe Colomb quand il a découvert l’Amérique.
– Pendant trois jours, le touriste va se comporter chez lui comme un touriste : il va sourire, dire bonjour, tenir la porte et faire la queue. Puis il redeviendra lui-même un autochtone, pressé, misanthrope et râleur.
Parole de touriste de retour.
Xo
F.
Ahh Fiona !!
Je lis Be depuis le début (je suis abonnée maintenant) et je ne savais pas que tu avais un blog ! ^^
Je suis fan de ton style d’écriture
En tout cas, tes photos sont super sympas.
C’est vrai qu’en vacances, en d’autant plus à l’étranger, on mute j’ai l’impression lol
Sophie.
http://bulledekalidhia.wordpress.com
NON NIN NON NON NON le Mc Do n’a pas le meme gout partout dans le monde voyons!