Ca sonne comme une soirée à thème de Michel Foucault (le philosophe, je précise pour celles qui avaient choisi l’option Qui veut gagner des millions ? au bac), alors que c’est le tic contagieux chez les célèbres et dans les campagnes pub : se cacher pour être sûr d’être découvert.
En cette période de Grande Foire A la Célébrité qu’est Cannes, demandons-nous tous en choeur : comment être anonyme et tendance en 2014 ?
L’Assemblée internationale de la mode, qui fait et défait les lois de la tendance, a évidemment la réponse.
A ma gauche, le camp des allergiques à l’exposition médiatique, dirigé (de loin et de dos) par Martin Margiela en son temps, aujourd’hui par Phoebe Philo et Hedi Slimane : ils ne sortent pas (ou très peu), ne s’expriment pas en public (ou très peu), ne sourient pas (ou très p… ou pas). A ma droite, le camp des lucioles, ventousées par la lumière des flashs et des caméras, et mené par Karl Lagerfeld, le Kayser de la self-propagande. Si les deux camps se lançaient dans une mêlée, comme au rugby, ils accoucheraient d’un être hybride et ultramoderne : le timide à grande gueule, l’autiste extraverti, bref, l’ANONYME OSTENTATOIRE, dont la métaphore en 3D serait les Daft Punk, i.e les anonymes les plus célèbres du monde. Lady Gaga a construit sa notoriété sur le même principe : plus elle se dilue derrière ses masques, plus on la reconnaît. Et Kanye West surfe aujourd’hui sur la même vague, sur laquelle il entraîne Kim Kardashian, dont le métier est pourtant de se montrer, tout le temps, partout, à tout le monde. Plus forts qu’Isabella Blow, la fashion icône des timides extraverties, qui cachait son agoraphobie derrière des chapeaux extravagants : Kimye, qui jouent à cache cache pour qu’on les trouve encore plus vite.

Le rappeur masqué, aka Kanye West, chantant “I’m not there” (je ne suis pas là) sur son Yeezus Tour, fin 2013
Le it-anonymat collection été 2014 est hystérique, donc complètement moderne.
Et bonne nouvelle : depuis que le personnal branding est devenu un job à plein temps, la crise d’anonymat hystérique est à la portée du plus nobod’ d’entre nous ! En effet, la tentation du retrait, derrière un masque ou une montagne du Larzac, augmente proportionnellement au nombre de photos filtrées sur Instagram… pourvu qu’elle soit photogénique (oui, c’est à toi que je parle, Miranda Kerr, qui médites sur les vraies valeur de la vraie vie devant tes millions de followers (#connasse)).
Puisqu’il semble que pour être heureux, il faille désormais vivre cachés derrière un masque en strass, voici quelques suggestions, pour nous, les stars de notre quartier immeuble pallier (appartement ? Chambre ?) en mal d’anonymat…
… Et mon préféré, le bob-masque (bob-burqa ? Bobqa ?) signé 69 (sic) et vendu chez Opening Ceremony, les maîtres Yoda de la hype.

Sur ce, je vous laisse, je vais me cacher derrière la porte de la cuisine.
Bécots,
F.
Nan mais en vrai, ça se vend (et surtout ça s’achète) vraiment Comme Des ? Je veux dire, sans la menace d’un gun sur la tempe
Au secours …. Save our souls …
Brillant décryptage de la tendance. Etonnant. foufou la tendance