Et si oui, de quelle longueur ? (et sur quelle zone ?)
Depuis quelques jours, je pense beaucoup à mes poils. Depuis mes douze ans, j’ai dû passer l’équivalent de six mois à les éradiquer sans y penser, et aujourd’hui, mon esprit se couvre d’un duvet de questions qui risque bientôt de contaminer mes aisselles, voire pire.
Ou pas.
La Bible des poilistas à humour, sorti en avril 2015
Tout dépend de la portée que je donnerai cette année à la tendance, devenue un marronnier d’été, au même titre que le trikini ou le régime sans sucre. Depuis quelques années, nous autres journalistes de la presse féminine attendons en effet les premières chaleurs, soit le moment où l’on a l’impression d’avoir deux méduses sous les bras au moindre mouvement, pour pronostiquer le retour de l’aisselle bushy – le mot glamour pour dire “poilue”, un peu comme le “shag” est l’euphémisme anglo-saxon pour dire “la coupe de cheveux de Cabu”.
Le poil est la nouvelle charité : sans le pratiquer personnellement, on est méga pour.
Vitrines American Apparel mises en scène par Petra Collins, à NYC – janvier 2014
L’année dernière, Madonna en avait, American Apparel en fourrait dans les culottes de ses mannequins de vitrine, et Gwyneth Paltrow confessait en avoir plein la culotte (c’est moi, ou Gwyneth parle beaucoup de sa chatte, en ce moment ?) ? Il n’en fallait pas plus pour que les chirurgiennes de l’air du temps aux aisselles lisses comme des montres flairent la revanche du système pileux sur ce système patriarcal qui décréta, au début du 20ème siècle, qu’une vraie femme ne peut avoir de poils : seuls les hommes, les singes et les artichauts en sont dignes.
Comme les années précédentes, ce spasme de tendance est passé aussi Veet qu’il est apparu, et nous avons toutes gaiement ressorti les rasoirs, jusqu’à la semaine dernière.
Jemina Kirke aux CFDA Awards, le 2 juin 2015
Miley Cyrus, en pétard
La semaine dernière, le hipstorat parisien s’est à nouveau piqué de poils sous les bras, notamment grâce à Jemina Kirke, la somptueuse Jessa de Girls, qui arborait des aisselles 100% bio aux CFDA Awards, entérinant l’outing pileux de Miley Cyrus en avril dernier.
Deux jolies jeunes femmes ultra branchées et leurs acolytes anonymes mais tout aussi insta-bonnes, qui revendiquent leur droit aux poils apparents avec humour et glamour : il n’en fallait pas plus pour qu’ici aussi, on dégoupille les banderoles virtuelles sur Instagram : #feminism, #modernheroin, #femalepower et autres #freethearmpits, #bodyhairdontcare et le génial #pitters (littéralement, “Aisseleuses”, puisque pitt = aisselle (oui, Angelina est mariée avec un mec qui s’appelle “Dessous de bras”)).
@sienna_paige
@Kayleesimonson
@ashacidqueen

#pitkittens #hairypitsclub #armpithairdontcare
LOL.
LOL, parce que je doute que cette tendance en ait été une si ses fers de lance avaient été moins hollywoodiennes, moins jeunes, et moins jolies.
LOL, parce que c’est, littéralement, un débat de connasses. Qu’ils y adhèrent en postillonnant des hashtags hypocrites, ou qu’ils s’y opposent derrière des hashtags dégoûtés, les débatteurs sont à 99% des femmes. Les mecs s’en foutent – à moins qu’ils placent la féminité ailleurs que dans les dessous de bras ?
LOL, parce que si les poils sous les bras sont un acte politique en Chine, où vient d’avoir lieu le premier concours d’aisselle-fies, qui dénonce les critères esthétiques d’une société machiste, aux Etats-Unis, je dis que c’est avant tout leur originalité qui fait pousser les poils de ces filles-là.
A titre personnel, je n’aime pas beaucoup les poils. Je m’en méfie moins que du virus Ebola, j’en laisse donc quelques-uns vivre leur vie, mais dans l’ensemble, je les enlève. Parce que je trouve ça plus joli, plus confortable, et que je préfère avoir de la fourrure sur le dos que sous les bras.
Ce n’est pas pour autant que je trouve les poils féminins sales, virils ou dégoûtants : les aisselles velues de Pénélope Cruz en couverture de ou des nymphes de L’Apollonide sont même diablement sexy… tout simplement parce que leur propriétaire le sont.
Voilà où je veux en venir : on n’est pas plus féminine avec des aisselles de nourrisson, pas plus qu’on est plus féministe avec des poils sous les bras. On est féministe grâce à ce que l’on a dans la tête, pas sous les bras. Et je ne sais pas vous, mais moi, je me sens les deux : féministe, et féminine. Avec mes t-shirts Barbie, mes talons de 10 pour descendre les poubelles, ma passion pour les motos, mon rire de bûcheron et ma grande gueule.
Je n’encourage donc ni l’épilation, ni le poil. J’encourage la réflexion avant le hashtag.
La tolérance ou l’indifférence : c’est ça, le “féminitisme”.
(c) Eleanor Haswell
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Je n’aurais pas dit mieux que toi à la fin de ton article! L’essentiel est dans la réflexion et dans le fait de savoir ce que l’on veut faire de cette mode.
Personnellement, je laisse les poils aux autres, mais chacun est libre de faire ce qu’il a envie et je ne renie pas non plu celles qui n’iraient pas dans le même sens que moi.
Et NON, sérieux je ne m’étais pas rendue compte du nom de Brad Pitt, j’ai cru que j’allais m’étouffer de rire!
Bises,
Céline.
Encore une fois je suis tout à fait d’accord avec toi.
Le jour où tout le monde se laissera pousser les poils sous les aisselles, les anciennes “hashtagueuses” pro-poils se raseront parce-que bon sang, ça fait plus hipster. Je trouve ça ridicule !
@Lili @Merrygoroundgirl : les filles, vous êtes au poil ;-*** (OK, je sors)
Tu as raison ma fille; reste comme tu es : féminine et féministe … au poil, quoi!!
Ton point de vue est intéressant … mais je ne pense pas que “99% des mecs s’en foutent”. Oh que non. Dans les commentaires de photos postées sur FB, beaucoup de mecs réagissent avec dégoût et pas mal de violence (c’est “sale”. Ah bon ? Et pas les leurs ?). Et dans la vraie vie, une de mes collègues de boulot s’en est pris plein la gueule quand, en réunion, les collègues mâles ont entr’aperçu ses aisselles arborant deux millimètres de poils tout au plus. Donc, si des filles jeunes, jolies et branchées (re)lancent le mouvement pour plus de tolérance envers ce qui, finalement, est parfaitement naturel, tant mieux, ça passera mieux que quand ce sont des filles un peu androgynes ou se foutant de leur apparence, car ces dernières sont aussitôt étiquetées “féministes lesbiennes camionneuses haïssant les mecs”, et donc conspuées.
Après, à titre perso, me raser les aisselles, ça me prend très exactement 4 secondes par côté, donc si on pouvait plutôt relancer la mode des mollets poilus, ça m’arrangerait, merci.
@Béné : mmmmmmh, tu n’as pas tort… Tous les mecs ne s’en foutent pas, c’est vrai. Mais en général, nous les femmes sommes bien plus obsédées par notre cellulite, nos vergetures ou nos poils qu’eux, tu ne trouves pas ? Je transmets ta requête mollets à qui de droit ;-) Merci pour ton super commentaire ! Des bises
Lol aussi les culottes (ou sont-ce des toiles de tente ?) American Apparel, nan ?
@Superlondoncalling : ne te gausse pas, j’en ai, elles sont top (quoique les miennes sont moins peuplées, pour être honnête)
Personnellement le poil j’aime le voir éradiquer. J’ai même récemment investi dans mon propre épilateur cire afin de ne plus d’ependre du salon d’esthétique.
Bref ! Tout ça pour dire que le poil je le hais et ma pince à épiler est ma meilleure coupine surtout en cette période estivale.
Je vais aussi profiter de ce post pour faire un mini coup de gueule ! Et ouais, je vais oser ! Être féministe ne veut pas dire ne pas être féminine ! Je me considère comme étant Féministe et pourtant j’aime avoir le maillot, les pattes et les aisselles nickels, j’adore porter jupe talons hauts et aussi me maquiller ! Et comble de tout j’adore mettre des sous vêtements sexys que personne ne voit ! Et je ne fais pas ça pour plaire aussi machos machistadors !
Pour finir, la majorité des personnalités qui se font du poil une nouvelle valeur identitaire sont justement en manque d’identité!
Sur ce je vous souhaite une soirée au poil!
Evidemment qu’on peut être féministe et féminine, douce et glabre @Cecilou, j’en suis la preuve à sequins irisés ! Je partage ton aversion pour le poil, moi même j’en possède peu, et en général ils ne font que passer – et Monsieur Schmidt s’en réjouit sans doute, ou pas, ce n’est pas comme s’il avait voix au chapitre le cher amour, hahahahahahah ! Quant à la valeur identitaire du truc… Je ne serai pas aussi radicale que toi. Selon moi, c’est juste une nouvelle façon fun de communiquer, un peu comme Snapchat. L’essentiel, c’est qu’il n’y ait de prosélytisme d’aucun côté du rasoir. Love et relove.